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MBOA
2 février 2008

QUE PESENT LES PROPOS DE BOCKEL FACE A LA FRANçAFRIQUE ?

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Certains se sont déclarés favorables et trouvèrent les déclarations de Jean-Marie BOCKEL sur la Françafrique très encourageants et téméraires. Car de la témérité il faut, pour affronter et dénoncer cette vaste machine à broyer les populations africaines qu'est la Françafrique. Les experts oseront-ils ou pourront-ils seulement donner les chiffres exacts des victimes ou la liste des méfaits engendrés par cette nébuleuse ? Loin devant le Sida, la mafiafrique version Françafrique est la première cause de mortalité en Afrique dite francophone, du moins par ses effets.

D'autres se sont emportés, jugeant au passage les propos du secrétaire d'état français à la coopération empreints d'arrogance et les trouvant inacceptables. C'est le cas du président Bongo dont la réaction a été immédiate ce qui contraste avec le silence de ses autres comparses dans cette mise en scène digne d'un theâtre. Dans tous les cas, la voix du doyen des chefs d'états africains, titre ô combien flatteur, est celle qui le mieux pourrait s'insurger pour au moins deux raisons: le respect dû à son âge comme l'exige la tradition africaine d'une part, mais et surtout l'expérience dans l'exercice et la pratique de la Françafrique. Il est, dirait-on, le plus ancien au grade le plus élevé dans la hierarchie républicaine. De la Françafrique aussi ?

Comment comprendre cette réaction venue d'Afrique ? Le préalable à toute bonne compréhension est de ne pas l'associer aux voix des populations. Car elle ne porte en rien les aspirations des populations africaines. Il n'est plus un secret pour personne que, les dirigeants africains, dans leur majorité, ne sont en rien représentatifs de leurs populations respectives. Aminata TRAORE dans "Le viol de l'imaginaire", le démontre avec beaucoup de maestria. Donc cette réaction ne représente que ce que l'on pourrait nommer une caste; celle des acteurs et/ou comparses de la Françafrique mais de véritables stellionataires qui devront rendre des comptes aux générations ainsi flouées.

Mais elle a au moins un mérite: celle de révéler que l'Afrique en générale et francophone en particulier meurt du fait d'une politique concertée qui prend ses sources depuis De-Gaulle en passant par tous ceux qui sont passés aux commandes dans l'héxagone et maintenant Sarkozy avec l'aide, la contribution, la complicité des suppôts africains. Politique dont l'ultime but est d'avoir la mainmise sur les richesses de ce continent par la France et pour la France. Et en fin connaisseur, le doyen des chefs d'état Omar Bongo le démontre par: "Cette attitude (est) d’autant plus inacceptable quand on sait les avantages que tirent la France et les autres Etats occidentaux de leurs rapports économiques depuis toujours, avantages mutuels par ailleurs  ". Comme aveu de pillage et de partage de subsides entre privilégiés, les Africains n'en rêvaient pas.

Le "Avantages Mutuels" n'est pas pour les Etats africains qui, on le voit tous les jours, ne profitent en rien des rapports économiques avec les Etats occidentaux; on verrait les résultats. Sinon comment expliquer que dans certains des pays, pendant près de 26 ans, aucune infrastructure n'a été construite. Sinon on n'assisterait pas au départ volontaire et/ou forcé vers l'éxil des africains dans leur grande majorité. Pourtant, il y'a 26 ans en arrière, c'était tout le contraire qui se produisait pour certains pays qui étaient des destinations prisées pour l'immigration intre-africaine, comme le Cameroun. Les africains après leur séjour à l'occident se bousculaient pour rentrer chez eux. Un célèbre journaliste camerounais que j'ai rencontré quelques mois, me brossait un tableau des plus chaotiques de la situation du Cameroun par exemple. Un pays dit-il " qui avait la vocation de tirer les autres est à la traîne depuis que l'ancien président n'est plus" avouait-il. Avant d'ajouter: "Je suis reduit à vanter les mérites de Ahmadou Ahidjo *, qui pouvait le croire".

Il faut néamoins souligner le caractère "curieux" de l'étonnement des Bongo, Déby, Sassou, Biya, Wade et tous les autres, déçus que des clichés méprisants des états africains soient encore véhiculés, alors qu'ils y contribuent fortement à en juger par l'état de délabrement de leur pays respectif et la situation de précarité plus qu'avancée de leurs populations.  Citons par exemple que le Gabon manque d'infrastructures dignes de ce nom alors que son président possèdent des villas cossus à Paris sans compter les comptes bancaires bien fournis etc...Pendant que l'on sait très bien que les campagnes présidentielles de certains candidats français sont financées par lui et autres dictateurs servant de présidents..... On pourrait ainsi multiplier les exemples pour démontrer que le cliché de l'Afrique mendiante est le résultat du comportement indigne des dirigeants des états africains, en particulier francophones. Le journal "Le Monde" ayant publié dernièrement le patrimoine de ces individus. Liste certes pas exhaustive et incomplète, mais qui en dit déjà long. Voir ici

Au-delà des mots et de l'effet d'annonce voire du sensationnalisme de ces propos, quel crédit peut-on accorder à la détermination de JMB à rompre avec un système qui tient, qui nourrit la stature de la France à travers le monde et lui donne un crédit auprès d'autres puissances ? La main-mise des entreprises françaises sur les ressources minières africaines, permet à l'hexagone de figurer parmi les grandes nations industrielles et pour cause, le pillage des sous-sols est la règle. La mainmise de la France sur l'économie des pays tels que le Tchad, la R.CA., la Côte d'ivoire, le Cameroun etc.. n'est-elle pas de nature à lui assurer son statut d'empire comme le souhaitait De-Gaulle à son époque et comme les diverses actions en terre africaine démontrent que cette tradition n'est pas prête à prendre fin ? Bien avant François Verschave, l'humaniste et écrivain Mongo BETI, décrivait dans "Main Basse sur le Cameroun", l'étendu de la politique de la France en Afrique.

En demandant ou souhaitant signer "l'acte de décès de la Françafrique» et dénoncer «un mode de relations ambigu et complaisant, dont certains, ici comme là-bas, tirent avantage, au détriment de l'intérêt général et du développement ", et même si la riposte gabonaise [ à distinguer de l'opinion populaire gabonaise] paraît plus fantaisiste et susceptible d'induire en erreur, venant de ceux qui s'emportent contre la véracité du propos du secrétaire français à la coopération, Jean-Marie Bockel fait la preuve que la Françafrique n'est pas le fruit d'une imagination de quelques illuminés comme on l'a prétendu, mais bel et bien une réalité connue par la classe politique française, qui s'est toujours réfusée d'en parler et pour cause ? Cependant, il faut s'interroger sur la capacité de JMB à s'attaquer, à vouloir éradiquer le mal. A t-il les moyens de lutter contre cette broyeuse ?  Si oui; lui laissera et donnera t-on les moyens de lutter contre cette gangrène ? Rien n'est sûr. Car ce combat s'apparente à, vouloir couper la branche sur laquelle, la France est assisse fort des aveux de pillage et d'escroquerie contenus dans les déclarations et du communiqué gabonais, et des propos de JMB lui même ?

Qu'entend JMB avec la Françafrique ? Car si elle se résume à un "jeu de dupes" dans lesquels les stellionataires comparses africains et quelques politiques français tirent leurs avantages, lutter ou signer l'acte de décès de la Françafrique ce n'est pas seulement supprimer ce jeu, c'est aussi et surtout:

=> Revoir tous les accords de coopération et conventions sur le contrôle par la France de l'administration des états africains francophones. Contrôle qui va jusqu'à ne pas permettre à l'afrique de battre sa propre monnaie et que le Trésor français soit l'administrateur des Banques africaines.

=> La non interference de la France dans le choix de leurs  gouvernants par les africains. Si l'on note un hiatus entre les populations et leurs dirigeants, c'est parce que ces derniers ne sont pas choisis par le peuple, mais par des jeux d'intérêts, imposés aux populations par quelques groupes. L'Affaire Elf avec les déclarations de l'ancien PDg, Loïc le Floc prigeant ont permis de mettre au jour cette vérité de polichinelle.

=> C'est la suppression des bases militaires stationnées partout dans les pays francophones qui, on le sait très bien ne sont pas là pour la protection des ressortissants français (qui dans l'absolu, ne soufrent pas de quelconque menace de la part des autochtones), mais sont là pour destituer ou mettre au pouvoir tel ou tel autre individu qui sert le mieux les intérêts de la France.

Une liste exhaustive ne pourrait être dressée, mais une chose est sure, l'acte de décès de la Françafrique, correspond tout simplement à l'acte de naissance de la souveraineté des états africains où la Françafrique est présente. Faut-il pour cela compter sur la détermination de Jean Marie Bockel ou faut-il, comme le soulignait le professeur Achille MBEMBE: "L'Afrique se sauvera par ses propres forces, ou elle périra. Personne ne la sauvera à sa place, et c'est bien ainsi ". Et si les propos, les options politiques de l'actuel président de la France et bientôt de l'union européenne sur l'Afrique ne créent pas cette prise de conscience, alors la Françafrique aura encore de beaux jours à vivre.

* Ahmadou Ahidjo est le prémier président du Cameroun après les indépendances, dont la vision politique pour son pays est aujourd'hui mise en avant même parmi ses plus farouches adversaires.


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Commentaires
F
ces propos de pèse pas;c'est pour adoucir la douleur et montrer un bon image de la france,pour dire qu'il y a rupture avec ce nouveau guvernement.alors que tous ces politiciens sont au pouvoir depuis 20 a 40 ans,et étaient dans l'appareil exécutif de leurs parti respectives,ils pouvaient changer cela.on ne peut plus tromper les gens avec de belles paroles.aujourd'hui on voit avec le tchad,la frnçafrique est tjs là,pour maintenir le dictateur.le tiers monde avec ces richesses est un mine d'or,les impérialistes ne renonceront jamais a pillé ces peuples,sachant que chez eux c'est la faillite(e-u,france,etc...)si un citoyens du nord ou du sud se laisse berné par ces propos c'est soit il connait pas l'histoire,c'est soit il est du coté des oppresseurs a moins qu'il est aveugle du coeur et du cerveau.s'il veut couper les ponts avec le passé,qu'il ouvre les archives.et qu'il abandonne tous les tyrans;mais il ne fera pas,solidarité gouvernementale.il est là pour adoucir les choses.
N
Femmes,enfants et vieillards brûlés vifs dans une <br /> église,jeunes gens armés de machettes et autres<br /> armes blanches déambulant dans les rues à la recherche de leurs victimes,la police et l'armée tirant à vue avec la ferme intention de tuer. Un nième "conflit ethnique" vient d'éclater en Afrique comme veulent nous faire croire les médias occidentaux et une fois de plus comme une mécanique bien rodée le cirque de la communauté internationale se met en marche : appels à la solution pacifique du problème, appels à la réconciliation et bien entendu les voyages des fameux médiateurs du monde entier à la recherche d'une "solution pacifique" au conflit et comme c'est malheureusement souvent le cas ces pompiers des temps modernes arrivent très tard et ceci pour des raisons très souvent liées à leurs intérêts particuliers et stratégiques.<br /> Qu'un pays comme le Kenya relativement calme et stable, destination touristique privilégiée des peuples occidentaux organise des élections qui se sont déroulées dans le calme et pratiquement sans incidents et que quelques jours plus tard ce même pays se plonge dans une barbarie sanglante ;Il ne faudrait pas être particulièrement intelligent pour déduire que quelque chose d'assez anormale se vivait ici et dont personne ne voulait en parler. Ce qui vient de se passer au Kenya n'est pas different de ce qui se passe ou se passera dans plusieurs pays africains. La malediction de l'Afrique ce n'est pas seulement le manque de ressources économiques comme nous le savons tous mais aussi la corruption organisée avec la complicité de leurs maîtres occidentaux qui provoque des pertes économiques énormes et qui détruit également la confiance des citoyens en l'Etat, transforme la force de sécurité de l'Etat en une espèce de milice qui prend en otage toute la population ( Au Cameroun par exemple le seul bilan que le gouvernement en place exhibe de ses 26 années de pouvoir c'est celui d'avoir preservé la paix ) ignorant totalement qu'il ne saurait y avoir de paix sans justice sociale ! Dans ces conditions la prochaine catastrophe sonne déjà à la porte. pour terminer je pense que l'élite africaine est aussi en grande partie responsable de ce désastre et de l'image péjorative de l'Afrique dans le monde car par ses actes elle détruit les élements les plus élementaires de coexistence et de solidarité. Le malheur de l'afrique c'est aussi le fait que le pouvoir se trouve confisqué entre les mains de certains égoïtes, ambitieux et parvenus ne possedant pas un niveau de conscience superieure leur permettant de résiter aux sirènes tentatrices qu'impliquent ce pouvoir .
P
Par courriel d'un ami, j'ai eu le lien de votre article. Je me dois de vous dire bravo pour la pertinence de vos propos. Continuez à informer ainsi, car il y va non seulement de l'Afrique, mais de l'humanité.<br /> <br /> Bravo encore !
MBOA
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